Notre histoire

Parmi les nombreuses questions qui me sont posées, il en est une qui revient souvent :

Mais comment t’ est venue cette idée ?

Le point de départ de l’élaboration du « projet Safran » est juillet 2014, date à laquelle je reçois de mes parents en donation une parcelle de terre agricole d’à peine un demi-hectare au lieu-dit « Filsoie », commune de Senillé-Saint-Sauveur.

Par le passé, on y a cultivé le mûrier, élevé le vers à soie et filé la soie. Il n’y avait donc pas de plus joli nom pour baptiser cet endroit. En fait, c’est le petit hameau qui s’appelle ainsi, et cette parcelle borde ce hameau. Sur le cadastre, elle fait partie en réalité des « plantes »… prémonitoire, non?!

Tout gamin, en compagnie de mon frère défunt et de mes parents, nous avons cultivé cette terre et la sueur nous en a souvent « brûlé les yeux ». Mais c’était peu de chose au regard de ce qu’elle nous a offert en retour. Et puis en remontant plus encore dans le temps mon grand-père maternel, avant de la léguer à ma mère, louait déjà sa générosité.

Filsoie est pour moi une forte valeur affective et une valeur sentimentale particulière.

Ok, mais le safran là-dedans, pourquoi? comment?

Le déclic c’est ça :

​Une mappemonde de Wikipédia qui indique les régions du monde où le safran a été cultivé. Ces régions sont colorisées en rouge, fuchsia et brun selon l’importance de leur production. Et la France, elle y est… donc si elle y est, le Poitou-Charentes aussi, et si le Poitou-Charentes y est, la Vienne y est aussi, et si la Vienne y est, Saint-Sauveur y est aussi… et si, et si,… Eh bien, si Saint Sauveur y est, Filsoie aussi! (Félicie non, mais Filsoie si!)

« Pousse toi Fernand, je sors le bull parce que je vais devoir beaucoup creuser… »

En route pour Google, Wikipédia : je balaie, je laboure le Web au point qu’aujourd’hui tout le monde l’appelle le Net.

Et je découvre l’histoire fabuleuse de cette fleur, de l’Antiquité à nos jours, l’histoire de sa beauté, de sa magie, de ses vertus, de ses légendes.

Et je découvre également l’histoire de la culture du safran français de la période médiévale à la celle de la Révolution (30 tonnes de production annuelle contre à peine 100kg aujourd’hui, principalement dans les régions Ile-de-France, Beauce, Poitou-Charentes et Quercy ).

Mais la surprise ne s’arrête pas là…

A la question : quelles sont les caractéristiques d’une terre nécessaire à la culture d’un safran de qualité ?

  • Une terre de nature argilo-calcaire de préférence
  • Une terre non cultivée pendant 15 ans bien reposée et peu arborée
  • Une terre en pente pour faciliter le drainage
  • Une terre orientée sud-sud/est pour un maximum de luminosité.

La réponse : « Filsoie est tout ça ».

De fil en aiguille, en rencontres, en reportages et documentaires TV et réseaux, le projet a maturé et a fini par émerger. De l’idée à sa mise en œuvre, il me restait à convaincre mon épouse. J’avais un plan et une stratégie bien ficelés qui sont aujourd’hui classés « Secret Défense » avec prescription de 30 ans. Donc, pas de commentaires supplémentaires à l’exception de celui qui me fait penser que mon plan l’a parfois rendu plus amoureuse de Filsoie que de moi. Et ça, ça m’agace… pas beaucoup, mais un peu quand même…

Nous décidons de suivre une formation de safranier en Creuse et faisons une formidable rencontre avec Véronique Lazérat, safranière depuis une quinzaine d’années. A notre retour, et sur ses conseils avisés, nous plantons 3000 bulbes à titre d’essai en juillet 2014 à Filsoie. La première fleur est née le 5 octobre 2014 suivie de 2800 fleurs entre le 6 octobre et le 10 novembre 2014. Les bulbes se sont multipliés par 3 et, divine surprise, l’analyse (Norme ISO/DIS 3632-1/2010 (E) des 15g d’épice de safran récoltés le classe dans la meilleure catégorie des critères de qualité en Picrocrocine (saveur), en Safranal (arôme), en Crocine (pouvoir colorant) et en taux d’humidité inférieur à 12% pour une bonne conservation de l’épice (3 ans).

Filsoie a accepté ce que nous lui avons demandé

Voilà le début de notre belle histoire. L’année suivante, nous avons planté 13 000 bulbes et les résultats ont été confirmés. Chantal mon épouse est conquise en devenant la plus passionnée de nous deux.

Le nom de baptême « Safran de Filsoie en Vienne » nous sonnait bien à l’oreille.

Nous l’avons validé.